La langue comme ouverture vers un nouveau monde
Dans l'enseignement des langues, ne vous limitez pas au néerlandais et à l'anglais, mais travaillez sur le multilinguisme. C'est le message principal de Prof. Dr. Marije Michel, professeure quintilingue d'acquisition des langues étrangères et secondes. "Nous avons désespérément besoin de personnes ayant une profonde compréhension des langues, des cultures et des communautés des pays qui nous entourent."
Texte par Lieke van den Krommenacker | Image par Reyer Boxem
Aus, bei, mit, nach, seit, von, zu, gegenüber, entgegen, an ... vorbei : plus trois ! Ceux qui ont déjà étudié l'allemand à l'école secondaire reconnaîtront probablement ces prépositions et de mémoire, vous souvenez du cas correct. Si vous êtes pas très chanceux, l'allemand est également resté comme "la langue avec tous ces cas compliqués". Dommage et inutile, selon Marije Michel, professeure d'acquisition des langues étrangères. Elle a étudié le néerlandais et l'allemand, parle aussi l'anglais, le français et l'italien et enseigne au département des Langues et Cultures Européennes de l'Université de Groningue. "La langue est une vraie ouverture vers un nouveau monde", dit Michel. "Et cela signifie tellement plus que de mémoriser des mots et de la grammaire."
Que la formation linguistique mette quand même l'accent là-dessus est une épine dans le pied de Prof. Michel. "Apprendre une langue, c'est s'approprier une autre identité culturelle. Pour cela, il faut susciter l'intérêt : regardez des films, écoutez la radio, montrez comment le pays, la langue et la société sont liés."
Cérémonie de nomination en huit langues
Le 16 février, elle aura sa cérémonie de nomination. Chez le recteur, Michel a présenté une demande spéciale pour pouvoir parler dans huit langues, contrairement à la pratique habituelle. En plus du néerlandais et de l'anglais, son plaidoyer sera partiellement en français, en allemand, en espagnol, en italien, en suédois et en russe - ce sont toutes les langues proposées au département des Langues et Cultures Européennes. Son message : ne nous limitons pas à deux langues, comme c'est souvent le cas avec le néerlandais et l'anglais.
Michel : "Il existe toute une série de perspectives linguistiques et culturelles que l'on peut obtenir en regardant différentes langues et cultures. Ce n'est pas seulement important pour élargir votre perspective personnelle, mais celle de la société en général. Nous vivons une époque complexe où le nationalisme est en vogue. La concentration sur votre propre origine et culture a ses avantages. Mais je pense que vous ne pouvez vraiment comprendre votre propre langue et culture que si vous regardez aussi d'autres langues et cultures. Ainsi, vous apprenez que ce qui est différent n'est pas étrange ou fou, mais plutôt intéressant."
La pratique, la pratique, la pratique
Michel a découvert son amour pour les langues dans sa famille. Elle a grandi avec des parents néerlandais dans une famille internationale en Suisse. Sa mère était professeure de français, son père s'est remarié avec une Australienne. Pour ses études, elle a déménagé aux Pays-Bas puis à Berlin. Son mari est Italien, et ils ont vécu ensemble en Angleterre pendant un certain temps. Elle a vécu au premier rang ce que beaucoup de recherches montrent : pour apprendre une langue, il faut s'immerger. Et pratiquer, pratiquer, pratiquer.
Mais cela ne peut se faire et ne fonctionne que s'il y a suffisamment d'exposition à la langue. "Le fait qu'il y ait autant de personnes aux Pays-Bas qui parlent très bien anglais ne dépend pas seulement de l'enseignement. Cela dépend aussi du fait qu'il y ait tant d'anglais dans les médias. De même, il y a une génération plus âgée aux Pays-Bas qui parle très bien allemand, parce qu'elle regardait plus souvent la télévision allemande. Parce que c'était tout ce qu'on pouvait avoir."
Image poussiéreuse
Une chose est certaine pour Michel : avec la focalisation néerlandaise sur tout ce qui est anglo-saxon, nous n'irons pas loin. L'anglais n'est plus la seule langue d'importance mondiale. "Nous avons désespérément besoin de personnes ayant une profonde compréhension des langues, des cultures et des communautés des pays qui nous entourent. Nous formons ici des gens en langue et culture russes. Des gens qui peuvent lire les journaux locaux et les messages Telegram. Pouvoir le lire n’est pas suffisant, il faut aussi comprendre ce qui est exprimé dans de tels messages."
Autant Michel est passionnée par le plaidoyer qu’elle présente, autant l'enthousiasme pour certaines langues comme, eh bien, son grand amour, l'allemand par exemple, est tiède. L'engouement est faible, la pénurie d'enseignants est grande, et les langues disparaissent des programmes. Michel et deux collègues d'autres universités ont récemment exprimé leurs inquiétudes à ce sujet et sur l'image poussiéreuse des études linguistiques et culturelles dans un article d'opinion dans le NRC Handelsblad. "Celui qui ne reçoit pas un enseignement linguistique de haute qualité à l'école ne choisit pas d'étudier les langues. Et celui qui n'étudie pas la langue ne devient pas enseignant - le cercle vicieux est bouclé", déclarent les trois.
Bière et saucisse
Michel a-t-elle une explication pour ce désintérêt ? "Je pense que nous ne sommes pas très doués pour soutenir et promouvoir une vision positive de certaines cultures et une attitude envers des langues comme l'allemand dans les écoles secondaires. Vous voyez, si quelqu'un dit: je vais étudier le français, vous pensez tout de suite, oe la la, Paris, baguettes! Mais si vous dites: je vais étudier l'allemand, vous pensez à autre chose." Comme quoi ? "Eh bien, bière et saucisse ? Ce genre de choses. Et c'est très ennuyeux, mais il y a aussi simplement un héritage historique qui resurgit toujours et qui ne rend absolument pas justice à la situation actuelle du domaine linguistique allemand et à son rôle important en Europe."
La bonne nouvelle est que cette attitude envers les langues et les cultures, ainsi que les opinions fortement culturellement déterminées à leur sujet, sont bien influençables. Pour autant que l'accent soit mis sur le contenu dans l'éducation. Et pour cela, nous n'avons pas besoin principalement de prépositions et de grammaire, mais plutôt de phénomènes pop et d'influenceurs (anciens) comme Joost Klein. Michel : "Il a maintenant un énorme succès en Allemagne, ce qui vous donne déjà un lien immédiat avec ce pays. Et il parle aussi le frison, le néerlandais et l'anglais. Utilisez de tels exemples dans votre enseignement, reliez-les à l'actualité et soyez créatifs. Beaucoup de gens, surtout ici dans la région, ne se rendent pas compte à quel point ils sont multilingues. Un tel exemple local, cela parle."
Autre chose : soulignez ce que les élèves peuvent faire et ce qui va bien. "Dans l'enseignement des langues, nous sommes souvent très concentrés sur le fait de signaler ce que les gens font de mal", constate Michel. "Alors vous recevez un texte en retour, et il est tout en rouge. Et dans certaines écoles, vous obtenez même des points en moins pour chaque erreur. Donc il se peut que vous obteniez une mauvaise note. Oui, alors vous n'écrirez plus de texte la prochaine fois."
Un endroit idéal pour développer son multilinguisme
Le département des Langues et Cultures Européennes accueille chaque année environ cent à cent vingt nouveaux étudiants. Ils choisissent une langue principale et un profil : culture et littérature, langue et société, ou politique et société. Cette dernière orientation, et donc la possibilité d'étudier la politique avec par exemple le français ou le suédois, rend le programme à Groningue unique. Et les étudiants sont aussi uniques, potentiellement du moins. Michel : "Ce programme est un endroit idéal pour développer son multilinguisme. Ainsi, après l'obtention du diplôme, vous ne maîtrisez pas seulement le néerlandais et l'anglais, mais vous vous distinguez également dans une langue supplémentaire."
Cela ne se limite pas à l'écriture d'une thèse en "magnifique russe, suédois ou français", conclut Michel. "Nos étudiants dirigent des congrès entiers dans leur langue maternelle. En français, l'une des tâches consiste également à rédiger un conseil au président. L'un des étudiants a rédigé une si bonne lettre qu'il l'a envoyée à Macron." Superbe, n'est-ce pas ?
Last modified: | 02 May 2024 2.36 p.m. |
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